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EMPLOI & FORMATION PROFESSIONNELLE

ÉTUDE

Mon Compte Formation : un outil de résilience face à la crise ?

Un premier bilan encourageant.

L’application « Mon Compte Formation », développée par le Ministère du Travail et par la Caisse des Dépôts, fêtera bientôt son premier anniversaire. Construite comme une « Marketplace » de la formation et ayant l’ambition de révolutionner l’accès à la formation professionnelle, ses débuts ont été encourageants : 1,49 million de téléchargements depuis le lancement, près de 380 000 formations proposées et 33 millions de comptes alimentés d’environ 16,5 milliards d’euros de droits à la formation[1].

À l’approche de ce cap, le bilan qu’en tire Kévin Gauliard, responsable d’offre « Mon Compte Formation » au sein du pôle financeurs tiers de la Caisse des Dépôts, est résolument positif : « l’application ‘Mon Compte Formation’ a contribué à faire mieux connaitre le droit individuel à la formation par tous les actifs français », grâce notamment à une logique d’amélioration continue de l’expérience offerte par l’application et d’intégration de l’ensemble des acteurs de la formation professionnelle, dont les différents financeurs. La crise sanitaire a, du reste, confirmé l’intérêt de cette intégration et donné un coup d’accélérateur aux travaux en cours pour permettre à l’application « Mon Compte Formation » d’être au centre de la coordination des réponses institutionnelles axées sur la formation professionnelle, en particulier pour le public jeune !

La confirmation de l’intérêt des abondements : le partenariat avec Pôle emploi.

Depuis le 8 juillet 2020, les demandeurs d’emploi peuvent effectuer des demandes de financement complémentaire (abondement) à Pôle emploi au travers du site et de l’application « Mon Compte Formation ». Le traitement des demandes par Pôle emploi est rapide : en moyenne une semaine actuellement, malgré un délai maximum de 10 jours ouvrés. Il est, par ailleurs, fréquent qu’un conseiller Pôle emploi recontacte le demandeur pour clarifier son projet et/ou lui proposer un autre dispositif de formation répondant à ses attentes.

Cette possibilité d’abondement offre donc une grande facilité d’usage pour l’utilisateur final, sans nuire à la qualité de l’accompagnement offert.

La faculté de disposer d’un tel accompagnement nous parait en effet essentielle pour permettre l’effectivité du projet de formation. Il s’agit, selon nous, de l’un des défis majeurs de l’application MCF, laquelle est jusqu’à présent majoritairement utilisée par des personnes déjà autonomes dans la construction et la réalisation de leurs parcours de formation. K. Gauliard nous confirme d’ailleurs que ce sujet est bien identifié par la Caisse des dépôts qui étudie, actuellement, les modalités d’intégration du dispositif de CEP parmi les possibilités offertes aux utilisateurs.

L’accélération des travaux avec les Régions et les OPCO.

Kevin Gauliard constate que la crise sanitaire a entrainé une accélération des négociations relatives à l’intégration au dispositif d’autres financeurs institutionnels volontaires (ex. : régions, OPCO, etc.). De premières possibilités d’abondements complémentaires par des Régions, par exemple, pourraient dès lors être disponibles dès le début 2021.

Des expérimentations ont d’ailleurs déjà lieu au niveau régional. Par exemple, la région Pays de la Loire a mis en place un abondement exceptionnel pour ses demandeurs d’emploi depuis septembre via la plateforme Mon Compte Formation. Cet abondement, à hauteur de 90% du coût de la formation choisie après déduction des droits CPF, est proposé à tous les demandeurs d’emploi de la région suivant certains parcours de formation sélectionnés par la région. L’abondement Pôle emploi peut compléter celui de la région, pour la prise en charge des 10% restants.

Un nouvel abondement sera par ailleurs aussi mis en place au niveau national, dans le cadre du plan national de relance annoncé par le Premier ministre en septembre. Au travers de l’allocation d’une enveloppe de 25 millions d’euros, cet abondement vise à financer 100% du reste à charge d’au moins 25 000 personnes lors de leur inscription à des formations associées aux métiers stratégiques de demain. Ces secteurs correspondent à ceux identifiés comme tels par les PACTE régionaux, comme le numérique et la transition écologique[2].

En conclusion.

Face à la crise sanitaire et aux évolutions du marché de travail, la formation professionnelle est un outil essentiel pour la sécurisation du parcours professionnel des Français. Dans ce cadre, même si le CPF ne peut répondre seul à tous les enjeux et que le conseil et l’accompagnement restent centraux pour rendre les formations accessibles et vraiment profitables à chaque individu, l’application « Mon Compte Formation » et la logique d’intégration de l’ensemble des financeurs qu’elle porte est une avancée majeure pour faciliter les démarches de formations des actifs.

Enfin nous ne saurions toutefois terminer cet article sans rappeler qu’une importante source de droits supplémentaires est souvent oubliée par les usagers de « Mon Compte Formation » : la migration des heures acquises au titre du Droit Individuel à la Formation (DIF), possible jusqu’au 31 décembre 2020 devrait être reportée au 30 juin 2021. En mars 2020 près de huit salariés sur dix n’avaient pas migré leurs points. Or, ces heures peuvent augmenter significativement les fonds disponibles sur les CPF des salariés en passant de 1040 euros à près de 2000 euros avec l’abondement de DIF.

Nathalie François, Fernanda de Freitas,  Ivan Zhitkovskyi, 30.10.2020

[1]https://www.myconnecting.fr/formation/chiffres-cles-mon-compte-formation/[2]https://www.cpformation.com/plan-relance-formation-professionnelle/

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Crédit photo : Justin Luebke sur Unsplash

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